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Comme tous les ans, ce 11 novembre, Fronton s’est réuni pour rendre hommage aux Morts pour la France. Le Maire, M. Hugo Cavagnac, les membres du Conseil municipal, les représentants des corps constitués, les représentants des associations patriotiques, les élèves des écoles de notre commune ont commémoré ensemble la fin de cette Grande Guerre qui, il y a 99 ans, porta notre République au XXe siècle.

Dans le respect du cérémonial républicain, le Conseil Municipal, les associations patriotiques et les écoles ont déposé des gerbes au Monument aux Morts dans le chant de la Marseillaise entonné par les élèves et interprété par les collégiens et les lycéens réunis dans l’Orchestre d’Harmonie du Frontonnais.

A l’issue de la cérémonie, les participants se sont réunis dans la Salle du Préau des Chevaliers de Malte pour le vin d’honneur offert par la Mairie.

Voici le discours prononcé par M. Hugo Cavagnac, Maire de Fronton :

 

Commémoration du 99ème anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918
Commémoration de la Victoire et de la Paix
Hommage à tous les Morts pour la France

Allocution de M. Hugo CAVAGNAC
Maire de Fronton

Le 11 novembre 2017

Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les représentants des corps constitués
Messieurs les Anciens combattants
Mesdames et Messieurs les membres des familles de soldats « Morts pour la France »,
Chères Frontonnaises, chers Frontonnais, et en particulier, chers enfants,

Plus de 10 000 Français sont morts au combat durant le seul mois d’octobre 1917, et ce ne fut de loin pas le mois le plus meurtrier de la « Grande Guerre ». Plus de 200 000 hommes allaient perdre encore leur vie avant l’Armistice de l’année suivante… Nous commémorons tous ces héros chaque année, à la fois les combattants de 14-18 et tous les morts pour la France.

Au total, c’est plus d’un million et demi de ses enfants que la France a perdus dans cette guerre terrible, qui fit basculer l’Europe dans le XXe siècle, et qui ne fut hélas pas la « Der des Ders ». A les prononcer à haute voix, ces chiffres ont toujours une étrange sonorité… Chaque fois, on ploie sous l’invraisemblable de ce tragique inventaire. Mais les noms gravés ici, sur notre Monument aux Morts, comme il y en a un dans chaque village de France, et devant lesquels nous sommes aujourd’hui réunis, témoignent de ce sacrifice. Ces noms gravés que nous honorons aujourd’hui, les photos des parents et amis disparus que nous sommes si nombreux à garder chez nous, les lettres que nous conservons soigneusement dans nos archives de famille quand nous avons la chance d’en avoir encore, ces mots et ces images s’attachent à des vies sacrifiées, empilées dans des montagnes de victimes dont la contemplation nous donne toujours le vertige. C’est pourquoi, chaque année à cette date anniversaire du 11 novembre quand cette boucherie prit fin, il est si important que nous, les enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants de ces « Poilus » morts pour défendre notre liberté, nous nous réunissions pour nous en souvenir, pour célébrer leur mémoire, pour les remercier et pour regarder ensemble vers cet avenir dont ils nous ont fait don.

En Novembre 1917, il y a tout juste cent ans, la Grande Guerre n’était pas encore finie, mais tout un monde prenait déjà fin et un autre venait de naître.

Un monde finissait… 1917, c’est en effet l’année de l’épuisement, physique et moral, de nos soldats. C’est l’année de la colère que suscite la course à la mort de la longue bataille du Chemin des Dames. Nos garçons n’en peuvent plus : l’impensable misère de la vie des tranchées et l’absurdité de cette mort certaine dans des attaques qui n’aboutissent pas nourrissent les mutineries du printemps 1917 et se prolongent dans l’horreur des exécutions pour l’exemple. Mais la guerre continue, nos Poilus se ressaisissent, et, en octobre, ils gagnent finalement la bataille, mais à quel prix !!!

En 1917, un monde vient aussi de naître… C’est en 1917 que commence ce « court XXe siècle » que nous venons de laisser dernière nous. C’est le siècle de la guerre blindée et puissamment mécanisée, qu’annoncent les chars français qui sont montés en avril à l’assaut du Chemin des Dames pour la première fois. C’est aussi le début d’une manière lâche et ignoble de faire la guerre. 1917 ajoute une pièce de plus dans la galerie des horreurs : en septembre, à Ypres, le gaz moutarde est utilisé massivement, condamnant les soldats à de lentes agonies dans des souffrances atroces que la mort ne se presse pas d’arrêter…

Il y a 100 ans précisément, en 1917, notre monde changeait d’équilibre…
Au mois d’avril, les Etats-Unis entraient en guerre, et en octobre, les Sammies venus payer leur « dette d’honneur » à La Fayette s’engageaient à nos côtés sur le Front. Le lien solide qui liait l’Amérique à la vielle Europe se voyait confirmé pour de bon, mais les rapports de forces étaient bien changés. En novembre, Lénine s’emparait du pouvoir en Russie. L’aventure bolchévique commençait, ce mélange d’idéologie et de chimères, de promesses et de rêves brisés, d’ambition et de violence déchaînée, ayant accouché de l’effroyable totalitarisme soviétique.

Ce monde, né en 1917 est désormais révolu, mais les morts de 14-18 sont toujours avec nous, dans nos cœurs et dans notre souvenir ! Leur legs nous est plus précieux que jamais ! Leur mémoire nous accompagne dans ces temps de basculement que nous traversons aujourd’hui, où les repères de notre monde sont en train de changer, où nos certitudes sont ébranlées, où notre sécurité est menacée de façon nouvelle, temps qui remettent à l’épreuve, une fois de plus, la force de nos convictions républicaines.

La « Grande Guerre » de 14-18 nous avait montré la rapidité du basculement dans la violence folle et l’extrême fragilité de la vie humaine. Les attentats terroristes que la France connait depuis 2012 nous obligent à les redécouvrir avec horreur. A Toulouse et Montauban, à Paris, à Saint-Denis, à Nice, à Magnanville, à Saint-Etienne de Rouvray, à Marseille, des terroristes islamistes s’attaquent aux écoles, aux sièges des journaux, aux églises, aux terrasses de cafés, aux salles de concerts peuplées de jeunes, à tous ces lieux où l’on célèbre l’égalité, la fraternité, la liberté de pensée et de parole, le savoir qui libère, la créativité et la joie de vivre. Les actes déments commis par ces ennemis de nos valeurs républicaines ont fait plus de 250 malheureuses victimes, que nous commémorons aussi aujourd’hui et dont nous partageons la douleur de leurs familles. Mais quelle meilleure façon d’honorer ces victimes, de célébrer leur mémoire et de raviver leur souvenir qu’en confirmant chaque jour par nos gestes la vigueur de nos valeurs républicaines. Sous la menace, l’éclat de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, les valeurs cardinales de notre “République une, indivisible, laïque et sociale” se doit d’être encore plus fort !

Le sacrifice commun des officiers et soldats de toutes classes sociales et de toutes opinions ou origines dans la Guerre de 14-18 fut le vrai creuset de notre République et de la solidarité nationale. Le siècle qu’elle a ouvert nous a enseigné à quel point cette solidarité est précieuse et fragile à la fois. Précieuse, car elle est la clé-même de la bonne vie et de toute promesse d’avenir. Fragile, car la solidarité ne vas jamais de soi, comme on le constate à regarder autour de nous, en Catalogne, au Royaume-Uni avec le Brexit, en Italie, en Europe… Pour être une Nation, il faut vouloir « faire Nation », il faut vouloir vivre ensemble ! Telle est notre responsabilité à toutes et tous ! Les morts de 14-18 nous ont fait le legs d’un avenir républicain préservé, sous la condition d’une solidarité nationale à faire vivre et à réinventer à chaque génération. Le grand Clemenceau dont la figure historique est pour nous l’incarnation même du courage, du patriotisme et de l’humanisme, le Tigre qui prenait il y a tout juste cent ans les rênes du gouvernement pour conduire la France à la victoire, Clemenceau saisissait si bien cette responsabilité qui pesait désormais sur les épaules de toutes les Françaises et les Français : « En définitive, les victimes des guerres sont mortes pour rien… Seulement, elles sont mortes pour nous ».

Aujourd’hui, un monde renouvelé prend forme sous nos yeux. Il comporte des risques, terroristes, environnementaux, migratoires, que nous connaissons tous. Mais il est riche aussi de grandes chances : allongement de la vie en meilleure santé, innovations technologiques, révolution du numérique, croissance verte et transition énergétique, nouvelles formes d’agencer le travail et la vie personnelle… autant de défis formidables à relever courageusement ensemble, solidaires ! Comme les Français de 1917, nous avons ce devoir de courage et de solidarité, pour faire face aux risques et relever avec succès les beaux défis qui nous appellent. C’est comme cela que nous construirons ensemble l’avenir de liberté, d’égalité, de fraternité, de paix, auquel nos enfants ont droit… pour que le sacrifice de leurs aïeux de 14-18 n’ait pas été vain ! Comme hier et pour demain, nous avons ensemble l’entière responsabilité, dans une Histoire qui continue, de faire vivre la République, de faire vivre la France !

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